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 Article publié le 5 juillet 2015.

oOo

« Bref, si on n’était pas tombé sur des terroristes, on aurait continué notre enquête. On ne faisait que passer par là. Et ça nous tombe dessus. Vous connaissez la suite… Je sors quand ? »

 

Il ne m’avait pas fallu longtemps pour apprendre à pisser avec un seul rein. C’était l’été.

 

L’été un rien vous habille

On va s’dégourdir les quilles

En compagnie d’jolies filles

Et célébrer nos papilles

Sous la table et sans famille !

 

.Même Lavatory était sceptique. Il m’offrit tout un paquet de cigarettes. Et le feu qui va avec. C’est comme ça que j’ai incendié mon lit. paterson s’est rappliqué en vitesse pour expliquer que ce que je faisais de pas bien, je le faisais jamais exprès, alors que je m’appliquais tous les jours que Dieu fait à me faire du bien sans penser aux autres. Il expliquait mal.

 

La perspective se réduisait à un point sur l’horizon, alors que j’en avais connu deux du temps de ma splendeur.

 

Elsie m’envoya par la poste une paire de chaussettes.

 

« Dites 33. Ne dites que cela. On vous dira ce qui conviendra de dire ensuite. Vous avez le nez bouché. Vous ne sortirez plus avant de respirer librement. »

 

..Prenez le temps.

 

…C’est fou ce qu’un mur en impose quand on n’a pas d’échelle pour le mesurer.

 

….L’été créait des paroxysmes de désir á la mesure du soleil.

 

Lavatory déposa un épais dossier pour partager ma chambre. paterson appuya la demande. Il se fit plus rare. En fait, je ne l’ai vu que deux fois en juillet et une fois fin août. Il est revenu en septembre les bras chargés de cadeaux. Mais sans Elsie.

 

…..J’eus une aventure avec moi-même.

 

paterson révisait son manuscrit. Il avait moins de temps à me consacrer. Dans son esprit, j’étais tiré d’affaire. De quoi pouvais-je me plaindre. Il m’avait sauvé deux fois : de la Justice et du terrorisme. La première ne laissait rien au hasard et le second vous cueillait au passage. Que me restait-il ? Elsie qui attendait un enfant.

 

« Remarquez bien, disais-je, que des fois j’ai sacrément envie de revenir en arrière pour me replonger dans cette enquête. On aurait fini par trouver le coupable. Mais on est tombé sur cette embuscade terroriste qui ne nous était même pas destinée…

— C’est fou ! » s’écria Lavatory.

Et j’étais d’accord avec lui.

 

« Là, c’est votre rein, celui qui fonctionne. L’autre n’y est plus. Et là, c’est votre cerveau. C’est compliqué, hein ? »

 

Tu parles si c’était compliqué ! Je me creusais la tête sans arrêt. Et j’y trouvais quoi ? Elsie.

 

Poésie des raclures. Une écaille tomba du mur. Au même moment, une mouche traversa la lumière empoussiérée.

 

Lavatory entra dans MA chambre à la tombée de la nuit. Il poussait un chariot où il avait entassé ses draps et ses affaires personnelles. J’allais, pour la première fois de ma vie, habiter avec un fou. Voilà ce que je proposais à l’esprit en quête d’aventure. « Si on commençait par se connaître un peu mieux ? » dit Lavatory. Il m’offrit une cigarette comme je n’en avais jamais fumé. On s’extasia tout un paquet en évoquant les meilleurs moments de nos existences passées.

 

Il n’y a rien de plus intime que d’entendre péter l’être qui couche dans la même chambre que vous. Lavatory pétait beaucoup. Sous les draps. Devant la fenêtre. Sur l’unique chaise de notre seule table, quand je n’y écrivais pas.

 

J’ai toujours rêvé d’habiter dans une prison. Et bien j’y étais. Mais mon rêve prévoyait une clé et je disposais de mille portes pour m’évader avec la ferme intention de revenir goûter aux charmes de l’enfermement. Mais ici, je ne décidais de rien, pas même de l’humeur de Lavatory qui pétait plus que de raison.

 

1. Jamais je ne m’étais senti aussi seul.

 

2. Ce qui me disposait à la poésie.

 

3. J’en écrivais sur le papier-cul.

 

4. Lavatory déposa une plainte argumentée auprès de la direction.

 

5. Je fus convoqué en référé.

 

6. Je fus condamné.

 

7. Je me mis à haïr Lavatory.

 

8. De la haine au meurtre, il n’y a qu’un pas.

 

9. Cette idée me porterait malheur.

 

10. Avais-je déjà tué ?

 

11. Je n’en savais plus rien.

 

12. Mais ce qui était sûr, c’est que ce terroriste avait eu l’intention de me supprimer.

 

J’en fis un poème.

En douze chants.

Et je cessai de haïr Lavatory.

Ouf !

 

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