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La rime intérieure
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 Article publié le 12 avril 2015.

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Tout le monde sait dire « Je ceci, Je cela »
C’est à la portée du premier venu

Je pourrais vous la faire solennelle et ampoulée
Façon canard boiteux qui se remet lentement d’une opération de la hanche
Façon serviteur zélé d’un état calamiteux
Petite ile intègre perdue dans un océan de médiocrité voire de corruption généralisée
Mais qui suis-je, à la fin, pour me hausser, me gausser ?

Je préfère puiser dans les sucs
Me repaître de fruits exotiques
Ceux-là et d’autres viennent de contrées autrement dangereuses
Que celles où j’ai bâti

Quand on bâtit sur du sable,
C’est la pyramide qui offre le meilleur centre de gravité
Mais, légèreté de ma part, inconscience ou dédain,
Je n’ai jamais su mettre une pierre sur l’autre

Sous la poussière des jours, fleurir, masquer les blessures,
Laisser couler tout de même un peu de sève amère
Et dans les racines n’apercevoir qu’une croissance programmée
Ça ne fait pas une démarche ça ni un tremplin sûr
Ni rien qui vaille le détour

Laissez-moi donc m’arrimer à la rime fantasque
Tant qu’elle dure

Le trop-plein des rythmes
J’en connais un peu l’usure
La magnificence aussi
L’inénarrable diversité
Comme le revers d’une médaille perdue
Miraculeusement préservée
Polie par des mains rudes
Même pas bonne à jeter dans la fontaine aux vœux

Le noble visage n’a pas d’angle
Aucune aspérité
Tandis que le monde que je vise, lui, s’ingénie à réduire
En miettes tout ce qui est humain
Poussière d’os ne jonche pas le sol
Envolée
Ou partie à la rivière, au fleuve,
Tu sais bien où, ami

Le pire ennemi de l’homme, mais c’est l’homme !
Quelle ingéniosité ! Et que de nobles réalisations pérennes dans tant de domaines !
Ça force l’admiration, n’est-ce pas ?
Voyez ces belles cheminées de l’ère industrielle
Appliquée aux hommes de ce monde
Pas n’importe lesquels

Je bêche les rythmes en silence
Dans un jardin qui n’existe pas
Des visages amis se dessinent dans les herbes
Je me garde d’y toucher
L’aurore aux doigts de rose en a tant vu,
De ces héros de fer et de sang

Je n’ai pas choisi, voici longtemps,
De voyager en chemin de fer
La poussière des chemins,
La gadoue,
Tout ce qui use les roues
A disparu
La roue de la fortune poursuit ses ravages

D’arcs et de flèches,
Le ciel mordoré
Comment y reconnaître les siens ?

Jean-Michel Guyot
5 avril 2015

 

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