Qu’il est doux,
qu’il est agréable
et combien c’est facile
de ne penser qu’à soi !
Voilà ce qui m’est venu à l’esprit
tandis que je profitais
d’un soleil prometteur
sous les arbres de mon jardin.
Je ne vous ai pas parlé de mon jardin.
Je l’ai acheté.
J’ai taillé ici et là,
planté comme j’ai pu
et j’ai même imaginé l’allée
que vous foulez de vos petits pieds
maintenant
que j’ai un jardin.
Vous ne veniez pas
quand je n’en avais point.
Il a fallu que j’en eusse un
pour que vous vinssiez.
Et que faisons-nous maintenant
que vous êtes venue ?
Nous nous baisons tendrement le bec
sous le regard de la voisine
qui justement hier
me parlait d’amour.
Et comment ça arrive…
Et comment on le fait…
Et comment il s’achève…
Et ce qu’on en souffre…
J’en suis resté à cette souffrance.
Je ne vous aime pas.
Je ne pense qu’à moi.
Et je suis certain
que vous ne pensez qu’à vous.
Mais nous unirons nos revenus.
Nous planifierons notre avenir.
Nous irons même en vacances
quand ce sera les vacances.
Comme il est doux, agréable et facile
de ne penser qu’à soi
dans ce pays doucement usé
sur le papier de verre de l’amour.