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Article publié le 24 janvier 2015. oOo Le temps dévore tout. Les actes, les intentions, les pensées, les spéculations, les formes matérielles finissent, à force d’érosion, par être rasées. Les chairs, elles aussi, ne lui résistent pas, ou guère. Elles mutent selon les événements qu’elles vivent, puis finissent par revenir à la poussière. Le sol lui-même, la matière brute qui contient en son sein cette donnée temporelle finit par se déliter. Dans cette dévastation de ce qui est ou apparaît, dans cet engloutissement global, les formes artistiques résistent : mieux, elles incarnent la dimension du dépassement. Ainsi, dans le silence ou le fracas érosif, dans l’inexorable compte à rebours, se dressent, là, ce que l’on appelle des oeuvres d’art. C’est de manière totémique qu’elles s’affichent, qu’il s’agisse des sculptures, des toiles, des partitions, des films, ou encore des fictions. Les mots, oui, ces signes inscrits sur le papier ou inséré dans l’écran se forment et circulent en toute liberté. Les oeuvres littéraires apparaissent peu à peu, comme étant le pendant du compte à rebours. Les plumes travaillent, les plumes s’érigent, absorbant à leur tour la donnée temporelle initiale. Elles s’abreuvent à la source, en somme. L’écrivain, l’auteur, par une belle ironie de l’histoire, assure sa propre succession. Oui, il se succède à lui-même, créant en quelque sorte un mythe : celui de l’immortalité. |
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