Souvent
dans ces siècles qui nous ont construits
le poète a chanté avec les oiseaux
du matin
et les mots sont devenus oiseaux des arbres
ou oiseaux de passage
et même on a connu des oiseaux en cage
C’est la nature qui revient
elle nous colle à la peau
à la campagne ou sur la plage
nous sommes des oiseaux mécaniques
mais l’air nous frotte les ailes
et nous nous envolons avec lui
Dans les vagues tu n’as pas l’air d’un poisson
et je ne suis pas le coquillage couché sur le sable
Au soir nous promenons nos regards
de visage en visage vu de profil
passants qui nous ressemblent
des petites filles jouent au petit garçon
et des petits garçons se prennent pour des filles
Puis la nuit installe ses noirs
et nous nous revoyons dans le lit
ailes blessées au contact des réalités de ce monde
le bec un peu salivant des mots
mots depuis toujours chantés
en cage ou dans les airs
ou ici sur la branche de l’arbre Humanité
dont nous ne sommes pas les fruits hélas