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Couteaux
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 Article publié le 16 avril 2017.

oOo

couteaux de ma défense de dormir seul
je ne vous ai pas assez défendu
couteaux que j’affine au fil du rêve
je ne vous ai pas assez aimés

poignées douces de sueurs froides
vous ai-je assez caressées
pendant que la nuit étendait
ses velours et la soie de ses puits

pointes nues je vous aimais tant
que je n’ai pas connu l’acier
et d’ailleurs si je l’avais connu
y aurais-je pris le même plaisir

couteaux couteaux de ma passion
je ne vous ai pas oubliés
sous la terre je pense encore
vous retrouver

couteaux couteaux je vous enfonçais
dans le matelas des rêves commencés
et jamais finis

couteaux qu’on enfonce dans l’angoisse
pour ne plus penser à revenir
en beauté triste

la nuit avance des pions au hasard
et le chemin s’accroît
d’un autre chemin

claire angoisse de l’obscurité
qui change l’enfer en acier
même rougi

cette nuit je me sens de force
à redire ce que je n’ai jamais su
sans toi

carcan des frondaisons logiques
au bout de ce feu refroidi
en moi

nous n’étions pas encore mûrs
pour célébrer la refonte
de l’oiseau

en chien capable de mordre
sa propre chair sans en souffrir
vraiment

couteaux l’un et l’autre enfoncés
dans l’épaisseur de ce qui n’existe plus
sans cette eau vous n’êtes rien
et je peux me voir dedans !

couteaux de mes inventions
pour parfaire le monde
où je ne suis plus seul
comme au temps de l’acier

je vous donnais du fil
à retordre sur le cuir
de ces années encore
prochaines et suivantes

couteaux qui vous taisez
en présence d’un enfant
que cette fleur coupée
vous coupe la parole

ainsi la nuit se finira
comme finit le jour
en apothéose
osée

couteaux je ne sais plus
si je dois vous appeler
par le nom que je vous
ai donné en ces temps
de fuite et de colère

mais si je connais encore
votre nom ô couteaux
que je n’ai pas assez aimés
ne vous enfoncez pas coupez
coupez et qu’on n’en parle plus

c’est le travail des couteaux
de couper et d’oublier
c’est aussi ma patience
de chercher et d’en vivre
sans donner à penser

couteaux qui coupez net
que le sang ne vous cache pas
la vérité des yeux convoqués
au spectacle de mon orgasme
donné sans lever de rideau

les couteaux aiment bien
qu’on les aime
pour ce qu’ils sont
début et fin de ce qui cesse
d’exister pour tout le monde.

 

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