Soudain l’orage crève le ciel
ouvre les torrents du printemps
brise les tabous de la lumière
ne reconnaît plus les siens
et le monde semble s’écrouler
sur le toit de ma maison
Un volet grince dans ses fers
la cheminée respire comme un homme
une tuile fend une autre tuile
et le monde semble parler
à la place de l’homme
Cet homme court sous la pluie
tenant son chapeau à deux mains
son parapluie ne lui sert plus
qu’à fendre l’air électrique
Si vite et si imprévisible l’orage pèse
de tout son poids sur les épaules
de cet homme qui se bat pour arriver
avant la foudre qui aime la mort
J’ouvre la porte sans la lâcher
Derrière moi la cuisine s’anime
L’homme arrive et entre chez moi
et son chapeau est emporté tant pis
Tant pis pour le chapeau me dit-il en souriant
Les chapeaux ne peuvent rien contre la foudre
Et tandis qu’il disait cela en souriant
la foudre a embrasé le meilleur de mes cerisiers
J’en ai pleuré toute la nuit
L’homme dormait lui
Il ne pleurait pas
Rien n’avait d’importance pour lui
que son sommeil
et ce qu’il y cachait