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Article publié le 2 novembre 2014. oOo Monstres en main, Le temps nous est compté Fasse que les tourbières empoignent la lande L’éloignent à jamais des sables mourants * En qui la forme hésite, fraye un chemin de matière Concrétion karstique, tufière ou quartz à profusion Nilune nisoleil Midi enneigé, fragments de roche saline Palpitation sous l’épaisse croûte de neige Pépites d’herbes jaunies Attendent l’heure du grand retour Hermine sillonne la blancheur immaculée * Ramassis de terres arides, de sables blancs, noirs, blonds Bitume et naphte Incontinent, les terres inconnues, glissantes-mouvantes Terroir, fragile terroir accueille l’étranger en plein cœur Les sols s’affolent, le sang se fige Ici, bien rime avec rien, Ne rime à rien N’est rien, absolument rien Rame plutôt dans l’enfer de propos éculés Poches devenues idéales, Hâtivement emplies depaille, cachent les solives Poudre aux yeux, foudre lente, sourire vif-argent Une maille à l’envers, une maille à l’endroit, C’est toute l’histoire d’un continent défait * Un peu de terre noire La main coule des jours heureux dans la moire Plonge dans le sel bleuté S’anime Collecte les sourires amers Etrange cuisine Rentre à la maison, pend le linge frais dans le jardin venté Les draps claquent au vent Tous drapeaux en berne Une carotte, doigt au vent, indique le Nord du Nord Espace tuilé des foudres adverses Soupe d’orages Le fusain n’y suffirait pas Il y faut le couteau de pierre, la truelle des dédains, L’ironique confusion des genres Qu’un semblant d’ordre sème le chaos étoilé Dans les mains du dieu, des vierges affolées dansent la gigue, Poitrine en l’air * Point de secret, pointe d’ail et pinte de bière éventée Les secrets ont la peau douce Le sort délie les langues Espérer des jours meilleurs Avant que ne pointe le fouillis de l’aube Ramage à tous les étages Echelles Ainsi nommées pour la peur qu’elles inspirent * Corps de pantins articulés Fils coupés, théâtre abandonné au peupleenchaîné-déchaîné Place publique n’a de publique que le nom Agonie d’injures, l’agora ironise Le sable de l’arène ne sent pas la mer Temps de lutte, tensions agoniques Des glaires en lieu et place des yeux Les fauves tiennent le haut du pavé Haleine fétide Les morts vivants fêtent la fête Plein écran de lumière Aveuglement, sourd bouillonnement dans les têtes usées Ray ban éclipse un visage Bannit le soleil de sa course nue Voici venu le temps des amours mortes, Des chiens savants, des grandes pendules soumises aux caprices des marées, Des agélastes fourbus Des buveurs abstèmes Les collections d’hiver se disputent les faveurs de nos élus Mohair et soie sont à l’honneur en ces fins d’année difficile Chic et choc, les pendeloques au cou des belles s’entrechoquent Annoncent les affrontements à venir Un rasoir se promène dans le miroir Tranche net l’œil niais * Un air marin fait face Le front s’éloigne Il redevient intérieur, presque brûlant Beaucoup de cendre recouvre les livres Intempérance Mise en bière d’on ne sait qui Dans le dictionnaire aux vastes énigmes, Un nom figure en bonne place S’y déplace constamment pour n’y pas figurer en bonne place Mais comment le sais-tu, toi qui ne lis jamais ? * La providence pourvoie à tout, souvent se fourvoie Dans les hommes de bonne volonté Page ouverte au hasard, doigts et regards mouillés Le plus doux reste à faire Décrocher les portraits affairés, débusquer les bustes peinturlurés Secouerles grandes statues creuses A coup de marteau, les fracasser * Lire l’avenir dans les ruines glorieuses, Prophétiser la ruine à venir Dans le présent ruiné par l’avenir, ce non-sens Obsession carnassière, autophagie Flagellation nourricière Sang et sperme, Or et flammes * La terre nue-habitée, vierge de sang Sans chasseur ni cueilleur Pour un nouveau départ ? Eclats de marbre, Paillettes d’or dans les yeux bruns du géant qui reluque la belle Mon grand frère l’avait prédit La foule applaudit Au revirement des élites, préfère les virages à 180 degrés La roue du temps, cette fadaise Arme-toi d’un compas Tu as le compas dans l’œil, ingénieur, Pour ça que tu n’y vois goutte Ton style n’est pas encore assez pointu, Ta langue pas assez vipérine Ta foi inébranlable * La cire des jours, La rude écorce des hêtres, La roche tendre ? Tout cela, et papiers et papyrus, Partis en fumée ou broyés ou recyclés Où sont les traces ? Elles cheminent dans tes mains coupées Les manchots envient tes moignons La repousse est pour demain Le grand argentier y pourvoie Largesse des élans Folle envergure Sur fond de ruines L’impossible en conclue que tout est possible Egards au vent, notre seul demeure Chapeau bas, messieurs, un génie * A l’écart du tumulte, un jardin fleurit Le cultiver, ce jardin florissant En compagnie des anges devenus de très belles femmes dévêtues La parole libre à prendre, Patate chaude à refiler au voisin, A servir chaude avant qu’elle n’explose, En salade,fumante de préférence, Sur un lit de feuilles vertes
* Pas facile de prendre la température du temps Il s’enflamme si facilement, s’enfièvre si promptement Etoupe et quenouille sont d’un autre temps Exit les rouets, les girouettes On ne les entendra plus de longtemps grincer sur leur axe rouillé Les fileuses ne chantent plus Les bas de laine sont vides Voici venu le temps des oiseaux sans ailes Des voitures électriques Des coups de trique Le capitaine juché sur un baril de poudre se tortille comme un ver Ithyphallique * En plein soleil de midi, malgré la morsure des neiges, Eclater de rire Taper sur l’épaule amie Serrer la main des humbles Festin de rois A table d’hôte en compagnie du diable fait homme Mesurer le chemin parcouru Faire taire la rumeur * Grège le cocon, gris le coton Happés par la lumière trop vive des couleurs honnies Un temps viendra où l’amitié entre les hommes Bandera à se rompre l’arc-en-ciel Mais ce sont les femmes qui décocheront les flèches d’or Dans le cœur des muses Apollon fulmine déjà Des musiques auront la couleur de leurs yeux Jean-Michel Guyot 25 octobre 2014 |
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